Omega-3: controverse, chirurgie et cornée.

Omega-6 et Omega-3 : le juste équilibre.

Les omega-6 sont largement présents dans l’alimentation de la plupart des gens, on en trouve dans les œufs ou certaines viandes en quantités variables selon l’alimentation des animaux et ils sont également présents dans le lait humain. Des doses excessives sont cependant à éviter, l’important étant le rapport oméga-6 sur oméga-3, un ratio compris entre 1 et 5 étant conseillé4 et qui peut d’ailleurs se mesurer (index Omega-3)5

En effet ; dans la littérature médicale de ces dernières années, il a été démontré que l’apport d’Omega-3 (acide eicosapentaénoïque ou EPA) et docosahexaénoïque (DHA) avait un effet bénéfique sur l’inflammation, le cerveau, les maladies cardiovasculaires, le métabolisme cellulaire6

C’est donc le rapport entre les omega-6 pro-inflammatoires et les omega-3 anti-inflammatoires qui est vital dans le contrôle des maladies inflammatoires et auto-immune4

Ce rapport d’apport en omega-3 et omega-6 est également important quand l’on parle de sécheresse oculaire. Ainsi une étude publiée en 2016 a démontré que des patients recevant 4 gélules /jour contenant un total de 1680mg d’EPA et 560 mg de DHA voyaient une amélioration statistiquement significative de l’osmolarité lacrymale, du BUT, des marqueurs inflammatoires (MMP9) et de leurs symptômes (OSDI)7

Le rôle des Omega-3, « agent anti-inflammatoire » que nous ne pouvons assimiler que par l’ingestion de certains types d’aliment (poisson gras : saumon, sardine, hareng, anchois, maquereau,…) étant de résoudre les foyers de l’inflammation8.

L’acide docosahexaénoïque (DHA) est un acide gras oméga-3 essentiel polyinsaturé nécessaire au développement des fonctions cognitives, réduisant le facteur de risque des maladies cardiovasculaire, diminuant l’inflammation aiguë et chronique et induisant une résistance antimicrobienne9.

Ces acides gras sont les précurseurs de la synthèse des eicosanoïdes, à savoir les prostaglandines, les thromboxanes, et les leucotriènes, qui jouent un rôle important dans les cascades de l’inflammation. L’acide arachidonique (AA) est respectivement converti en 2 séries de prostaglandines, 4 séries de leucotriènes via la cyclooxygénase et 5 enzymes de type lipo-oxygénase. La production de ces médiateurs dérivés des AA peut être diminuée par un apport alimentaire en acide gras oméga-3 ou d’acide eicosapentaénoïque (EPA) et ce grâce à un processus d’inhibition enzymatique compétitif, déplaçant ainsi la balance vers un état moins inflammatoire. L’efficacité anti-inflammatoire des acides gras oméga-3 polyinsaturés dans le traitement du syndrome de l’œil sec ayant été démontré dans plusieurs études9.

La preuve scientifique

En effet des études « Peer review » récentes ont confirmé l’efficacité des Omega-3 dans le traitement de la sécheresse oculaire.

Ainsi, l’étude de Giannacare publiée en janvier 2019 et incluant 17 études  (3363 patients) répondant aux critères d’éligibilités suivant :  1) Etude Clinique randomisée 2) population de patients présentant une sécheresse oculaire de toute étiologie 3) comparaison : apport d’Omega-3 par voie orale Vs Placebo 4) variables mesurées : au moins une parmi la liste suivante – Symptômes ; TBUT, test de Schirmer et coloration de la cornée à la fluorescéine, a démontré que l’apport d’Omega-3 apporté un bénéfice en ce qui concerne les symptômes de sécheresse oculaire, le BUT, le score du test de Schirmer ainsi que le grade d’oxford (coloration de la cornée à la fluorescéine)2.

De même, dans l’étude de Sheng-Chu Chi publiée en avril 2019, la compilation de 13 études renfermant les mêmes critères d’inclusion (patients avec une DED ayant une étiologie non spécifique et pas d’autres  pathologies de la surface oculaire, le traitement était Omega-3 polyinsaturé et études cliniques randomisées) et incluant 1782 patients avec une DED non spécifique a démontré que l’apport d’Omega-3 amélioré de manière statistiquement significative le TBUT, le score du test de Schirmer et l’OSDI (Ocular Surface Disease Index)3.

D’autre part, une autre étude récente a démontré également l’effet positif de l’apport d’un complément d’Omega-3 dans la gestion des syndromes de sécheresse oculaire après chirurgie de la cataracte en termes de mesures subjectives (OSDI) et objectives (TBUT, osmolarité). Par conséquent, il pourrait être ajouté en toute sécurité aux protocoles postopératoires après une chirurgie de la cataracte pour réduire l’incidence des syndromes de la sécheresse oculaire postopératoire9.

Cela pourrait peut-être s’expliquer par le fait que les Omega-3 aurait un effet neuroprotecteur sur les nerfs de la cornée. Ainsi, dans l’étude de Chinnery, l’apport d’une dose quotidienne modérée d’Omega-3 (~ 1000 mg / jour EPA + ~ 500 mg / jour DHA) pendant 3 mois, comparé à un placebo a entraîné une augmentation de la densité des branches nerveuses dans le plexus sous-basal de la cornée chez les personnes atteintes de DED légère à modérée. De manière un peu particulière, on note également dans cette étude une corrélation significative évidente entre l’osmolarité et la densité de la branche nerveuse cornéenne à la fin de l’étude. La réduction de l’Osmolarité (c’est-à-dire l’amélioration de la stabilité du film lacrymal) étant associée à une augmentation du nombre total de branches nerveuses, suggérant un lien spécifique entre hyperosmolarité lacrymale et neuropathie cornéenne10.

Les facteurs de réussite

Dans l’offre tentaculaire de produits à base d’Omega-3, il est donc important de contrôler les quantités d’EPA et de DHA qui sont apportées par la supplémentation. Plus encore, c’est aussi la forme de ces Omega-3 qu’il est important de vérifier. En effet, les formes de triglycérides réestérifiées (rTG) étant mieux assimilées par le corps que les formes éthyle-ester (EE) ; les lipases pancréatiques hydrolysant les EE’s dans une moindre mesure et beaucoup plus lentement11

Autre élément important, la durée de cet apport. En effet, il faut attendre minimum 8 semaines pour voir un effet significatif sur les symptômes oculaires7 (subjectif et objectif) et l’observation des modifications des taux d’EPA/DHA ne se manifeste dans les paramètres sanguins (omega-3 Index) qu’au plus tôt 3 mois après le début de l’ingestion de cette supplémentation en Omega-3.5,11

Toutefois, l’absorption de gélules, que ce soit leur taille ou leur nombre, peut parfois poser des problèmes pour certains patients et diminuer ainsi leur adhésion au traitement. Pour palier à ce problème de compliance, nous mettons à la disposition des patients une solution liquide qui permettra de faciliter cet apport d’Omega-3. Bien qu’offrant la même efficacité que les gélules, cette forme liquide est plus facile à avaler et ne nécessite qu’une prise par jour.

Références :

  1. M.G. Maguire. n–3 Fatty Acid Supplementation for the Treatment of Dry Eye Disease (Dream). N. Eng. J. Med. 2018; 378(18): 1681-1690 – doi:10.1056/NEJMoa1709691.
  2. G. Giannacare et al Efficacy of Omega-3 Fatty Acid Supplementation for Treatment of Dry Eye Disease: A Meta-Analysis of Randomized Clinical Trials. Cornea 2019; 00: 1-9
  3. Sheng-Chu Chi et al. Effects of Polyunsaturated Fatty Acids on Nonspecific Typical Dry Eye Disease: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Clinical Trials. Nutrients 2019, 11, 942 – doi:10.3390/nu11050942
  4. A.P. Simopoulos. The importance of the ratio omega-6/omega-3 essential fatty acids. Biomed Pharmacother. 2002; 56(8): 365-379.
  5. Von Schaky et al, Trans Fatty Acid Levels in Erythrocytes in Europe. Eur. J. Nutr. 2016, e-pub May 5
  6. P. Calder., Omega-3 polyunsaturated fatty acids and inflammatory processes: nutrition pr pharmacology? BJCP. 2012; 75 (3): 645-662
  7. A. Epitropoulos et al., Effect of Oral Re-Esterified Omega-3 Nutritional Supplementation on Dry Eyes. Cornea. 2016 Sep; 35(9):1185-91.
  8. S. G. Smith. The Role of Nutrition in Ocular Health. Cataract & Refractive Surgery Today March 2014; 98-99
  9. M. Mohammadpour et al. Effects of adjuvant omega-3 fatty acid supplementation on dry eye syndrome following cataract surgery: A randomized clinical trial. J. of Curr. Ophth. 2017; 29: 33-38
  10. Chinnery HR, Golborne CN & Downie LE. Omega-3 supplementation is neuroprotective to corneal nerves in dry eye disease: a pilot study. Ophthalmic Physiol Opt 2017; 37: 473–481. doi: 10.1111/opo.12365
  11. M.B. Katan, J.P. et al., Kinetics of incorporation of dietary fatty acids into serum cholesteryl esters, erythrocyte membranes, and adipose tissue: an 18-months controlled study. J lipid Res (1997): 2012-2022

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