Comment définir une MGD ?
Le groupe de travail international sur la MGD (The International Workshop on Meibomian Gland Dysfunction) définit la MGD comme une anomalie chronique, diffusé des Glandes de Meibomius et communément caractérisée par une obstruction des conduits terminaux et/ou accompagnés de changements qualitatifs ou quantitatifs des secrétions émises par ces mêmes glandes1.
Il en résulte des altérations du film lacrymal, des symptômes d’irritations de l’œil, une inflammation cliniquement visible et enfin une maladie de la surface oculaire (OSD : Ocular Surface Disease)
Bien que l’on sache que la prévalence de la MGD augmente avec l’âge et que c’est une des causes les plus fréquentes d’une sécheresse oculaire, l’un des membres de ce groupe d’expert estime qu’elle reste sous-diagnostiquée car, selon lui, de nombreux cliniciens n’y prêtent pas attention2.
Pourtant,de plus, de plus en plus de gens utilisent des appareils digitaux (PC, smartphone, tablette, …) plus de 5 heures par jour induisant un clignement souvent incomplet et insuffisamment fréquent.
Quelques chiffres
- Une étude a d’ailleurs démontré que 42% d’enfants entre 4 et 17 ans avait déjà une atrophie des glandes. La problématique de ces cas étant que même avec une atrophie des glandes modérée à sévère, ils ne mentionnaient pas de symptômes3.
- Une étude de Kim et al. a montré que 82% des patients glaucomateux utilisant des collyres présentait une MGD et Mocan et al. rapporte qu’une MGD obstructive a été rapportée chez environ 96% des sujets utilisant des analogues de prostaglandine.4,5
- Une autre étude de Cochener et al. montre que 52% des patients ayant subit une chirurgie de la cataracte avait une MGD et 56% présentaient une atrophie des glandes.6
Il apparaît donc clairement à travers ces chiffres qu’un diagnostic précoce est d’importance. Dans le cas contraire, les patients se retrouvent dans des conditions de pathologie chronique qui à terme aboutisse à une OSD et à des problèmes de vision et potentiellement des résultats visuels insatisfaisant après une chirurgie de la cataracte ou réfractive.7
La place de la meibographie
Le Dr Sheppard estime qu’il est important de réaliser une meibographie avant même d’avoir examiné le patient car il en retire des informations qu’il ne pourrait avoir avec une simple analyse par la lampe à fente. De plus il peut montrer les images de cette meibographie au patient.
Elizabeth Yeu, MD
Il est tout aussi important d’avoir un examen fonctionnel du bord palpébral qu’un examen structurel par meibographie afin d’avoir une évaluation efficace d’une MGD8,9
D’autres experts comme le Dr Farid M. et le Dr Mc Donald réalisent cet examen chez tous les patients devant subir une chirurgie de la cataracte ou une chirurgie réfractive. Cela leur permet de repérer les cas occultés d’une pathologie de la surface oculaire et de commencer un traitement avant la chirurgie.
Les autres experts inscrivent également la meibographie dans l’examen des patients symptomatiques et/ou devant subir une chirurgie réfractive. Cela permet également de relier la composante structurelle du processus de la maladie au processus fonctionnel de cette pathologie permettant de faire la distinction entre déficit lacrymal et sécheresse évaporative grâce à des images que l’on peut également montrer aux patients. Ces derniers prennent alors conscience de leur pathologie et cela entraîne une motivation plus grande dans la prise en charge de la maladie.
Le Dr Douglas Devries, recommande une meibographie de base en pratiques de soins primaires, car selon lui, cela conduirait à un traitement plus précoce non seulement chez les candidats à la chirurgie mais également chez les patients porteurs de lentilles de contact. La meibographie, créerait ainsi un changement de paradigme vers plus de soins proactifs pour les patients.”
Comment faire ?
Il existe actuellement différents appareils pouvant réaliser cette meibographie accompagnée d’une analyse automatisée. Ils permettent non seulement une analyse des glandes de Meibomius, mais aussi des différentes couches du film lacrymal.
Références :
- Nelson JD, et al. The International Workshop on Meibomian Gland Dysfunction: report of the Definition and Classification Subcommittee. Invest Ophthalmol Vis Sci. 2011 ; 52 :1930– 1937.
- Lemp MA, et al. Distribution of aqueous-deficient and evaporative dry eye in a clinic-based patient cohort: a retrospective study. Cornea. 2012; 31:472–8.
- Gupta PK, et al. Prevalence of meibomian gland atrophy in a pediatric population. Cornea. 2018; 37:426–430.
- Kim JH, et al. Eyelid changes related to meibomian gland dysfunction in early middle-aged patients using topical glaucoma medications. Cornea 2018; 37:421–425.
- Mocan MC, et al. The association of chronic topical prostaglandin analog use with meibomian gland dysfunction. J Glaucoma. 2016; 25:770–4.
- Cochener B, et al. Prevalence of meibomian gland dysfunction at the time of cataract surgery. J Cataract Refract Surg. 2018; 44:144–148.
- Epitropoulos AT, et al. Effect of tear osmolarity on repeatability of keratometry for cataract surgery planning. J Cataract Refract Surg. 2015; 41:1672–7.
- Tomlinson A, et al. The International Workshop on Meibomian Gland Dysfunction: report of the diagnosis subcommittee. Invest Ophthalmol Vis Sci. 2011; 52:2006–49.
- Cochener B, et al. Prevalence of meibomian gland dysfunction at the time of cataract surgery. J Cataract Refract Surg. 2018; 44:144–148.